Résume | Depuis le début des années 1990 les historiens des mathématiques ont commencé à s'approprier des outils conceptuels venus de l'histoire et de l'histoire des sciences et à élargir et transformer le spectre et la nature des questions qu'ils se posaient. Ils se sont intéressés aux enjeux institutionnels, sociaux, culturels des mathématiques et ont mis à leur agenda l'étude des diverses pratiques mathématiques d'un temps, faisant surgir de nouvelles composantes du savoir mathématique, de nouveaux lieux, de nouveaux acteurs qui n'avaient jusqu'alors pas fait l'objet d'histoire. Plus récemment, avec la constitution et l'exploitation de bases de données d'auteurs et de textes, avec l'utilisation de nouveaux outils bibliographiques permettant le traitement systématique de large corpus d'articles, les historiens des mathématiques ont montré plus encore les limites de récits qui s'appuyaient trop souvent sur les seuls parcours de certaines figures emblématiques.
Je m'attacherai dans cette séance à montrer la nature et l'ampleur de ces apports méthodologiques dans le cas de l'étude des mathématiques en France entre 1870 et 1914, de ses acteurs, de leurs pratiques, de leurs productions.
Il s'agira ainsi de mettre en perspective la première édition de 1991 de mon ouvrage La France mathématique où je dressais le tableau de la France mathématique académique à travers l'étude des membres de la SMF et de leur production, une mise en perspective que j'ai réalisée à l'occasion de la réédition récente de l'ouvrage.
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