Résume | A mi-chemin entre la prestidigitation et la performance calculatoire, les calculateurs prodiges, souvent autodidactes et issus de milieux modestes, attirent les foules tout au long du 19e et au début du 20e siècle. Or, en faisant du calcul un spectacle, les calculateurs prodiges participent à la promotion d’un certain type de mathématiques auprès de leur public. La figure du calculateur prodige, si elle appartient au domaine de la science amusante, s’avère ainsi révélatrice des images et des pratiques auxquelles s’adosse le développement de la « numeracy » à la croisée du raisonnement et du calcul, dans la société du 19e et du début du 20e siècle. Plus encore, la trajectoire de nombre d’entre eux a en fait croisé les milieux savants. En posant la question de la capacité des prodiges à résoudre d’autres types de problèmes et à « inventer », en cherchant à cerner leur « intelligence », les mathématiciens désignés pour les expertiser explicitent, aussi, ce qui constitue selon eux l’essence de leur propre métier. |