Résume | L’édition d’œuvres complètes de savant.e présuppose une identité auctoriale forte, ou à tout le moins, interroge, tout au long de sa constitution, quelles relations les écrits retenus dans ces œuvres dites « complètes » entretiennent avec la pensée et les pratiques d’écriture de l’auteur. Dans le cas de D’Alembert (1717-1783), membre influent de l’Académie royale des sciences, éditer les textes directement issus de ses tâches d’académicien semblait une évidence, dont la concrétisation sur 1600 pages aura nécessité vingt années de réflexion et de travail collectif. Quels sont les textes retenus, les textes éliminés, les textes utilisés est la première question, loin d’être triviale. Elle est immédiatement corrélée au degré de connaissance que nous avons de l’institution : quelles sont ses missions au XVIIIe siècle, comment évoluent-elles en fonction des demandes royales et de son « public » ? Nous verrons que l’analyse menée par la quinzaine d’éditeurs annotateurs qui a participé à l’aventure a permis de dégager de nouvelles informations des riches archives et d’offrir de solides outils d’investigation à tous les chercheurs dont le sujet emprunte, croise, échoue à croiser, voire évite, mais ne peut ignorer la route de l’Académie. |