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Décès de Jean-Jacques Sansuc (1941-2022)


Jean-Jacques Sansuc nous a quittés ce 20 juillet 2022. Il était né à Hendaye le 13 mai 1941.

Il était entré à l’ENS de la rue d’Ulm en 1960. Il avait été agrégé préparateur, puis maître-assistant, puis professeur à l’ENS, puis de 1986 à 2009 professeur à l’Université Paris 7, ensuite professeur émérite.

En 2002, pour ses 60 ans, une journée scientifique en son honneur fut organisée à l’ENS.

J.-J. Sansuc avait une compréhension profonde de nombreux domaines des mathématiques, vers lesquels il guidait les élèves de l’ENS à la recherche de directeurs de thèse dans des domaines prometteurs. La largeur de ses connaissances lui permettait en particulier d’aider les élèves dans l’ancien exercice de la préparation de la «deuxième thèse». Il ne fut jamais avare de son temps avec les étudiants, ni à l’ENS ni à l’Université.

Son domaine de prédilection était la géométrie algébrique et la théorie des groupes algébriques linéaires, aussi bien du point de vue algébrique (étude des torseurs) que du point de vue arithmétique. J.-J. Sansuc avait absorbé une grande partie de la géométrie algébrique à la Grothendieck, tout en sachant encore faire des dessins pour expliquer les idées. Cela lui permit de faire le pont entre la géométrie algébrique «moderne» et des problèmes diophantiens proposés par Peter Swinnerton-Dyer à Cambridge (Angleterre) vers 1970 et ramenés en France par J.-L. Colliot-Thélène. Trois notes aux CRAS en 1976/1977 furent le début d’une longue collaboration, avec ces auteurs et parfois d’autres mathématiciens. Ces travaux furent couronnés par la médaille Albert Châtelet en 1980 et le prix Charles-Louis de Saulses de Freycinet de l’Académie des Sciences en 1985. La méthode de la descente et la méthode des fibrations pour établir le principe de Hasse ou la version Brauer-Manin sont de nos jours intensément poursuivis. J.-J. Sansuc était l’un des membres fondateurs d’un séminaire encore en activité aujourd’hui, le séminaire «Variétés rationnelles».


Du côté de l’analyse, il travailla avec Vadim Tkachenko sur les propriétés spectrales de l’opérateur de Hill. Il était aussi un auditeur assidu et dynamique du séminaire “Physique mathématique et Géométrie”.

J.-J. Sansuc était un perfectionniste, ce qui ralentissait le rythme de ses publications. Son travail le plus cité, sur l’arithmétique des groupes algébriques linéaires, paru dans Crelle en 1981,était le produit d’une gestation de dix ans.

Aussi bien à l’ENS qu’à Paris 7, outre son activité d’enseignement, il assuma de nombreuses tâches administratives de haut niveau, notamment la responsabilité du DEA, puis du M2, pendant plus de dix ans, du conseil scientifique, et de la commission de spécialité. Dans toutes ses activités, se manifestaient sa passion pour toutes les mathématiques et son indépendance d’esprit.

(Note rédigée avec l’aide d'Anne Boutet de Monvel, Violaine Boutet de Monvel, Jean-Louis Colliot-Thélène et Loïc Merel)